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Tribune Les Echos – Une « grande sécu » sans les mutuelles?

14 octobre 2021

Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie, dans un rapport à venir, planche sur l’absorption des mutuelles par la « Sécu ». David Ollivier-Lannuzel et Gilles Girard, directeur de Thémis Conseil, notre entité spécialiste du conseil en management, organisation et transformation SI, estiment que les organismes complémentaires, « acteurs essentiels », ont au contraire un rôle à jouer dans la refonte de notre système social.

Actu

Par David Ollivier-Lannuzel
Président de la Mutuelle civile de la défense (MCDef) et membre du HCAAM

et Gilles Girard,
Directeur de Thémis Conseil.

L’action complémentaire, si elle n’est plus identifiée, disparaît à la vue de tous. »

Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie (HCAAM) va publier un rapport sur les transformations à prévoir du système de santé français, au moment où le gouvernement envisage de réformer la Sécurité sociale. Parmi ces scénarios envisagés, celui d’une « grande Sécu », pouvant aller jusqu’à une absorption des complémentaires santé. Certains évoquent déjà le spectre d’une nationalisation du système de santé français.

On en est loin, mais force est de constater que depuis quelques années, sous couvert d’une recherche effrénée d’universalisme, une batterie de nouveaux dispositifs (ROC, 100 % Santé, ANI, contrat d’accès aux soins) ayant pour vocation affichée d’offrir une meilleure protection sociale à tout le monde pousse un peu plus vers l’automatisation, voire l’industrialisation de cette protection. Et un jour à la disparition des organismes complémentaires ?

Déresponsabilisation des patients

La simplification va dans le sens de l’histoire, mais déresponsabiliser les patients en effaçant les coûts fait courir un vrai danger. Par exemple, on n’a plus de feuille de soins et la dématérialisation a contribué à limiter les échanges papier. Toutes ces actions, qui simplifient la vie, conduisent à penser et à dire que la médecine est gratuite.

Pourtant, les vrais coûts augmentent, avec des répercussions sur les charges sociales des entreprises… et sur les cotisations, car les mutuelles se doivent d’équilibrer leurs comptes, elles. L’automatisation fait peser un poids financier accru sur les mutuelles sans que personne ne s’en aperçoive.

La protection sociale est financée par du salaire différé, mais pour la majorité des Français, c’est très peu lisible : à leurs yeux, c’est l’Assurance-maladie, donc l’Etat, qui couvre, tout le monde étant protégé pour le même prix. L’action complémentaire, si elle n’est plus identifiée, disparaît à la vue de tous.

Au moment où le HCAAM redéfinit le rôle des organismes complémentaires, il est temps que les acteurs mutualistes réagissent et réinventent les services qu’ils peuvent offrir à leurs adhérents.

Ils doivent notamment réfléchir au parcours avant et après le soin. Mettre en place des espaces d’accueil pour les familles va devenir un enjeu majeur et c’est une course de vitesse dans laquelle les mutuelles doivent s’engager… en y trouvant leur modèle économique. Car leur nombre limité d’adhérents risque de les priver des effets d’échelle évidents dont bénéficie l’Assurance-maladie obligatoire.

Spécificité des mutuelles

Face aux immenses défis – financiers, sociaux et sanitaires – qu’affronte la protection sociale, le seul choix possible est de travailler tous ensemble pour construire un nouveau modèle universel et viable.

Aux côtés de l’Assurance-maladie et de l’Etat, les organismes complémentaires sont plus que jamais un acteur essentiel du parcours de santé. Redéfinir les responsabilités de chacun devient un enjeu crucial pour garantir la survie, ou plutôt la renaissance de notre système social et la cohésion de notre société.

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